• Maurice mutin - Jean-Paul - 03/12/2013

    À 19 ans, Maurice mesure déjà 1,90 m et pèse pas loin de 100 kilos. Depuis que son bateau, le contre-torpilleur l’Aventurier, est arrivé en face de Sébastopol, il se réveille chaque matin l’estomac vrillé par la faim. La nourriture du bord est infecte, il est impossible de se ravitailler à terre car la ville est la proie d’émeutes permanentes : les ouvriers russes sont dans la rue pour défendre leur révolution contre l’intervention de la marine franco-anglaise. Le peu de denrées fraîches qui restaient a tourné, les matelots refusent de manger la viande verte peuplée d’asticots. Maurice vomit tout ce qu’il absorbe mais que son grand corps appelle de toutes ses forces. Les hommes, consignés dans les cabines, passent leurs journées allongés dans leurs bannettes qui se balancent au rythme du navire à l’ancre sur ce bout de Mer Noire. Les cœurs se soulèvent, l’odeur devient immonde.

    Maurice n’en peut plus, il se lève, il glisse dans des flaques de vomi et ne peut utiliser les toilettes bouchées, regorgeant une marée de merde qui s’étale dans les coursives. Il marche, se penchant à chaque porte, débouche sur un pont où il aspire un peu d’air envahi par la fumée arrivant de la ville dévorée par les incendies. D’autres hommes l’ont suivi, se répandent sur le pont, ignorant les ordres d’officiers rapidement débordés. La faim est plus forte que la peur, les officiers sont désarmés. Maurice se retrouve dans la peau d’un mutin.


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