• Maurice, biographèmes - Jean-Paul - 10/12/2013

    Son corps l’a vite encombré. Trop grand pour son époque, il dépasse d’une tête au moins tout son entourage. Il va toujours un peu voûté, comme pour se cacher. Sur les photos, il baisse la tête pour rester dans le cadre.

     

    Plutôt lourd et lent, il fait moins de pas que les autres tout en restant à leurs côtés. Il écrase de son quintal le ballast le long des voies qu’il inspecte.

     

    En trois ans de guerre il perd beaucoup de poids et en perd encore davantage durant les six mois qu’il passe emprisonné à la Gestapo puis aux Baumettes. Il aura mangé des dizaines de lapins ramenés de la Drôme dans des valises au cours de ses déplacements professionnels.

     

    Son travail fini, avant de quitter la gare, il achète La Tribune de Genève ; il dit que les Suisses sont les seuls à pouvoir parler de la guerre. Il n’a que la rue à traverser pour regagner l’appartement du Racati.

     

    Le soir, après le repas, il lit assis à la table de la salle à manger sur laquelle il étale un journal pour ne pas tacher le livre emprunté à la bibliothèque des cheminots.

     

    Des hommes en manteau gris sont venus le prendre un matin de novembre dans les bureaux du Service électrique de la gare Saint-Charles. La plupart des syndicalistes sont emmenés avec lui. Direction le 425 rue Paradis.

     

    Jean-Paul - 10 décembre 2013


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