• Avoir un corps #2

    L’homme est raide comme un piquet.
    Il se tient là, au milieu du quai, en plein soleil et sa tête est immobile, le regard planté vers Paris. De temps à autre il se penche au-dessus des voies, comme pour voir plus loin un éventuel train arriver, et alors je distingue mieux ses traits, je vois quelques gouttes de sueur luire sous son chapeau.
    On ne voit que lui, immobile dans ses beaux habits du dimanche parmi tous ces voyageurs, belle et triste araignée aux grandes jambes perdue au milieu des fourmis.
    Il n’enlevera pas son veston, je le sais, il le gardera jusqu’à ce que la dernière goutte d’eau sorte de son corps. Au bout de son nez aquilin, ça commence à briller. Mais ça ne vibre pas, pas un mouvement. Je remonte le long de l’arête jusqu’à son œil gris que je vois brûler dans l’ombre. A quoi pense-t-il ?
    La lueur disparaît petit à petit alors que mon train enfin quitte la gare.

    Le reverrais-je ?    


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :